Saviez-vous qu’il existe des perles de S.I.Lex ? (Pearltrees et le droit)

Serait-ce une perle de silex ? (en fait, du silex rubané poli). Krzemień pasiasty kula. Par Adam Ognisty. CC-BY-SA. Source : Wikimedia Commons.

Dans la jungle foisonnante des services 2.0 et des médias sociaux, il en est vers lesquels on se tourne d’abord pour leur esthétique et leur élégance, plus que pour leurs fonctionnalités. Ce fut mon cas avec Pearltrees, qui avait piqué ma curiosité il y a quelques mois, mais que j’ai longtemps laissé « en sommeil » à défaut de lui trouver une place à part entière parmi la panoplie des outils que j’utilise (visiblement, je ne suis pas le seul).

Il faut dire que Pealtrees est un outil assez atypique, situé quelque part entre les bookmarks sociaux et la cartographie heuristique, qui propose de fournir aux internautes les moyens d’ « éditer » par eux-mêmes le web en construisant sous la forme d’arbres de perles des parcours de page en page. De manière très fluide, il est possible d’ « encapsuler » une page à partir de son URL et de l’enfermer dans une perle que l’on pourra lier à d’autres afin de construire un réseau (pour en savoir plus voir cet article de ReadWriteWeb).

Pearltrees est une start-up française et je vous conseille d’aller faire un tour sur le blog Cratyle.net de Patrice Lamothe, son CEO, où il développe la vision qui est à l’origine du projet et notamment la critique d’une certaine conception du web 2.0 :

La démocratisation de la création n’a cependant pas entrainé la démocratisation de l’accès aux contenus. Ce sont les moteurs de recherche et les grands portails, non les internautes, qui guident et orientent la navigation des internautes. Les systèmes de vote et les sites de partage de favoris ne remédient pas à cette situation. Agrégeant les points de vue individuels plutôt que d’en tirer la spécificité, ils produisent des résultats de même nature que ceux des moteurs de recherche. Ce déséquilibre entre création démocratique et accès centralisé aux contenus constitue l’une des principales entraves au développement du Web […] Dans la pratique, le projet de création, de partage et d’accès démocratique aux contenus que constitue le Web reste donc inachevé.

Quoi de mieux pour comprendre Pearltrees que d'aller directement voir un arbre de perles... sur Pearltrees ! Mise en abime...

Pearltrees a été présenté cette semaine lors de l’évènement LeWEB’09 et on retrouve cette semaine une entrevue de Patrice Lamothe dans laquelle il explique l’apport de son service par rapport au bookmarking classique (delicious, digg) :

Aujourd’hui, il y a quelque chose qui se dessine, c’est l’organisation du web : comment donner du sens à ce que je découvre en créant des hiérarchies et rattacher des contenus de tous types à des thématiques. La multiplicité des contenus demande non pas un simple rangement, même avec des cases multiples comme avec les tags de Digg ou delicious, mais une visualisation des liens. Et il ne s’agit pas de faire des cartes heuristiques qu’on appelle aussi mind mapping pour faire chic, car pour la plupart des gens c’est du chinois ! Avec pearltrees, j’ai voulu garder le partage qui fait la richesse des médias sociaux que l’on connaît déjà, en ajoutant la couche visuelle qui est rend l’organisation plus “naturelle”. Nos perles apportent donc à la fois la perception et l’organisation […] Avec pearltrees on apporte la mémoire à l’influx nerveux. Biologiquement parlant, quand la mémoire s’ajoute à l’influx, ça peut déboucher potentiellement sur l’intelligence. Voilà qui devient intéressant, non ?


Tout cela est très alléchant, mais il n’est pas facile au début de tirer tout le potentiel de Pearltrees, notamment par rapport aux agrégateurs et aux services de favoris. Longtemps mon compte a végété, malgré les exemples inspirants que l’on pouvait voir ici ou là. Silvère Mercier, toujours à la pointe numérique, a réalisé il y a un moment déjà un impressionnant arbre de perles pour cartographier la Biblioblogosphère . Chez Klog, on trouve  un autre usage asticieux : grâce à une fonction d’embed très simple à utiliser, les perles sont « incrustées » dans les marges du blog où elles remplacent les blogolistes sur un mode thématique (d’autres exemples d’embed de perles ici).

Finalement, mon naturel est revenu au galop et les choses ont fini par se débloquer lorsque j’ai essayé de me demander si Pearltrees possédait une facette juridique et comment on pouvait en faire usage dans le domaine particulier du droit. C’est là que j’ai découvert que d’autres avaient visiblement eu la même idée et qu’il restait peut-être des choses à faire pour exploiter tout le potentiel de l’outil.

Effectuer des recherches à partir du moteur interne de Pearltrees sur les mots « droit », « juridique », « legal », « law » (etc) permet de constater que ces sujets intéressent les utilisateurs, même s’ils restent encore assez peu développés. Ce que je trouve remarquable, c’est que l’on voit apparaître le droit dans la « boîte à outils » des utilisateurs, à côté de leurs signets sur l’information,  la technique, les outils web, preuve que le droit commence à devenir une composante à part entière de la culture de l’honnête homo numericus. J’ai collecté certaines de ces « perles de droit » (Juriperles ?) auxquelles vous pouvez accéder en cliquant ci-dessous.

D'autres perles de droit//

Pour aller plus loin, je vous propose de voir comment on peut faire un usage cartographique, narratif ou social de ces arbres de perles dans le domaine spécifique du droit.

I Cartographier le droit en arbre de perles

C’est l’usage qui vient le plus naturellement à l’idée, à cause de la proximité visuelle de Pearltrees avec un service de cartographie heuristique.

De la même façon que certains ont pu cartographier la bibliosphère, d’autres se sont lancés dans l’exploration de la Jurisphère (voyez par exemple la perle Le droit sur Internet chez Corto). C’est la première chose que j’ai faite en arrivant sur Pearltrees à partir d’une sélection de sites issus de mon agrégateur, la Mine de S.I.Lex.

Jurisphère//

Pour cet aspect « cartographie du web juridique », je vous conseille de surveiller le nouveau compte d’Arnaud Dumourier, inlassable arpenteur de l’internet légal (sur Juriblogs, sur Droit.org, sur Wikio, sur Twitter et j’en passe !), qui a commencé à produire un arbre impressionnant.

Les arbres de perles d'Arnaud Dumourier, une bonne approche "rhizomique" de l'internet juridique !

La visualisation spatiale que  Pearltrees permet de déployer est particulièrement adaptée pour présenter des ressources en lien avec des notions juridiques. C’est certainement dû au fait que le droit est lui-même structuré en branches qui se ramifient au fur et à mesure en allant du plus général aux aspects spécialisés. Je vous recommande d’aller jeter un oeil à ma perle « Connaître le droit » pour voir ce que cela peut donner. L’intérêt est alors à mon avis de varier au maximum les types de ressources et de ne pas s’en tenir aux seules pages web (de sites ou de blogs) pour intégrer dans les arbres des vidéos, des présentations PowerPoint, des podcasts, des schémas, etc.

Connaitre le droit//

Un autre usage intéressant des arbres consiste à s’en servir pour « déplier » une loi ou un code, afin d’avoir sous les yeux tous les articles essentiels. C’est une excellente façon de s’approprier de manière efficace une ressource législative et de retrouver facilement et rapidement une disposition que l’on souhaite relire ou citer. Cette utilisation qui me fait penser aux tableaux synoptiques de la législation que les juristes dressent depuis des siècles. J’ai essayé d’établir une telle carte du Code de la Propriété Intellectuelle qui m’est fort utile.

Une manière de voir le CPI autrement, sous la forme d'une arborescence. Une sorte de "chapelet juridique" en somme !

II Narrer le droit de perle en perle

Utilisé seulement de manière cartographique Pearltrees a déjà son intérêt, mais les choses restent quand même un peu statiques. Le service prend une autre ampleur lorsqu’on s’en sert pour construire de perle en perle un parcours dans le temps, sous la forme d’une narration. C’est un usage auquel le droit se prête bien, par exemple pour raconter le processus d’élaboration d’une loi avec toutes ces étapes ou bien le déroulement d’un procès.

Patrice Lamothe a créé de cette manière un très bel arbre de perles pour « raconter » la saga de la loi Hadopi qui a été un vrai déclic pour moi. D’Hadopi 1 à Hadopi 2, on peut y relire tous les débats à l’Assemblée et au dehors, les péripéties du vote, la censure du Conseil Constitutionnel, les répercussions, etc.

Si l'histoire d'Hadopi m'était contée... un très bel objet de mémoire (par Patrice Lamothe)

On peut aussi trouver de belles perles Hadopi chez Corto ou chez François (d’ailleurs très différentes de celle de Patrice, tant au niveau du contenu que de la forme, ce qui montre bien que la même histoire ne se raconte pas de la même manière en fonction du regard de chacun).

Les procès se prêtent aussi très bien à cette forme d’approche narrative, qui permet à la fois de suivre leur déroulement au fil des étapes de la procédure et les débats qu’ils peuvent susciter. On trouve un bel exemple en la matière chez Laetsgo à propos de l’affaire Clearstream.

Fils et méandres de l'Affaire Clearstream, par Laetsgo.

Une impressionnante étoile de mer qui déploie ses bras dans de multiples directions, dont certaines sont assez inattendues, comme par exemple un fil retraçant les modifications subies par l’article Clearstream de Wikipédia ou encore un embranchement auquel se raccrochent tous les tweets envoyés depuis le prétoire par les personnes qui ont suivies les audiences (cliquez la perle ci-dessous).

livetweet//

Cette façon « narrative » d’utiliser Pearltrees est une excellente manière de valoriser la veille ciblée que l’on peut conduire à propos d’un événement ou d’une affaire. Les services de bookmarking, type delicious ou diigo, sont des outils puissants de maîtrise de l’information au niveau personnel, mais ils ont tendance à produire un effet « boîte noire » : les bookmarks s’enchaînent et finissent par disparaître dans les profondeurs du compte, si bien qu’en dépit du travail d’indexation, il peut s’avérer difficile de se les remémorer. Pearltrees permet au contraire de « scénographier » ses souvenirs de veille à partir des matériaux que l’on collecte, à la manière des anciens « théâtres de mémoire ».

J’ai commencé à suivre deux affaires en regroupant mes signets de manière narrative, afin de mieux maîtriser leur complexité : le nouveau règlement Google Book Search et les accords ACTA. Dans le premier cas, Pearltrees m’a vraiment aidé à bien « déplier » tous les aspects du problème et à organiser les matériaux en vue de la rédaction d’un billet de synthèse. Il me semble que j’ai pu gagner beaucoup de temps avec cette méthode et mieux résister au phénomène d’infobésité que génère ce type de dossiers.

Un arbre de perle déjà tentaculaire qui n'a pas fini à mon avis de se développer : à propos du nouveau règlement Google Book Search

Pour ce qui est des accords ACTA (autre sujet particulièrement complexe), cette démarche narrative m’a permis de remonter le cours du temps pour mieux comprendre l’origine de cette affaire dont je n’avais pas suivi toutes les étapes (voir la perle ci-dessous).

Accords ACTA//

III Réseaux de perles et réseaux sociaux

Pearltrees possède aussi une dimension sociale qui gagnerait peut-être à être un peu plus développée, mais qui permet déjà en l’état des usages intéressants. Il est possible en effet d’aller « visiter » les comptes des d’autres utilisateurs pour prélever un de leurs arbres de perles et l’intégrer à ses propres parcours. L’ergonomie de l’interface est très fluide de ce point de vue et facilite les découvertes en permettant de savoir à quelles autres perles chaque élément est connecté. De perle en perle et de compte en compte ont fini ainsi par repérer des utilisateurs partageant les mêmes centres d’intérêt, dont les créations peuvent être intéressantes à intégrer dans ses propres arborescences. Des alertes par mail permettent aussi de savoir si un autre utilisateur a « perlé » la même page web que vous ou est venu prélever une perle sur votre compte.

Cette « sérendipité sociale » favorise de bien belles découvertes, comme ce fut mon cas avec la perle « Culture libre » élaborée par pandark,  si bien construite que j’ai préféré la récupérer plutôt que de me lancer dans mon propre repérage.

Une perle de culture... libre ! Chez Pandark
Une perle de culture... libre ! (chez pandark)

On trouve aussi des perles remarquables chez les personnes s’intéressant à la question des libertés numériques : « Liberté d’expression : futur et affrontements » (par objectifmars), « Censure » (par alexis) ou celle-ci que l’aime beaucoup « Gardez votre liberté » (par mixo). Cliquez sur la perle ci-dessous pour découvrir d’autres arborescences sur les Droits et Libertés :

Droits et Libertés

Au fur et à mesure que les arbres se connecteront les uns aux autres, on peut imaginer que l’aspect social de Pearltrees finira par déboucher sur une véritable dimension collective de co-production des contenus par les utilisateurs. On peut également laisser des commentaires sur les perles des autres, voire engager une discussion, même si l’interface n’est pas vraiment faite pour cela.

Il faut noter également que Pearltrees n’est pas clôt sur lui-même puisque, comme on l’a vu, on peut très facilement exporter les perles vers des sites ou des blogs grâce à la fonction d’embed, mais aussi les envoyer par mail, les offrir à d’autres utilisateurs, les expédier sur Twitter ou Facebook, ce qui donne des possibilités de dissémination intéressantes.

IVQuelle nature juridique pour les arbres de perles ?

Ce petit tour d’horizon de la face juridique de Pearltrees n’aurait pas été complet sans aller jeter un oeil du côté des conditions d’utilisation du service, pour savoir ce qu’il en est notamment du point de vue de la propriété intellectuelle. C’est particulièrement important pour ce type de services portant sur des User-Generated Content (des contenus produits par les utilisateurs eux-mêmes, caractéristique des médias sociaux).

On y apprend que Pearltrees ne revendique pas directement de droits sur les arbres créés par les utilisateurs, ainsi que sur les autres éléments qu’ils produisent (comme les commentaires) – un peu comme le regretté « What’s your is yours » des anciennes CGU de Twitter.

Any Web content you record and/or publish on the Site through any map, iframe, user profile, avatar (small picture you add to your public user profile), public discussion, or which may be transmitted or broadcast through, posted to and/or stored in the Website (each a “User Content”) belongs to you (and/or to its original owner if such owner is not you), and we acknowledge that any User Content posted by you on the Site remains your property under intellectual property laws applicable to such User Content (right of authorship, copyright, specific law applicable to databases or any other proprietary rights).

Pearltrees considère par ailleurs que les arbres de perles relèvent du régime particulier du droit des bases de données (pourquoi pas en effet ?), mais les utilisateurs du service en acceptant les CGU se reconnaissent les uns les autres le droit d’utiliser, de commenter, d’éditer et de modifier les contenus, que ce soit dans Pearltrees même ou à l’extérieur depuis n’importe quel point du web.

By making your User Content accessible to other users (Pearltrees users or any Web user) on the Site or through the Services, you agree to allow Pearltrees and any user of the Site to view, use, display, quote, reproduce, edit and modify your User Content free of any charge.

The maps containing User Content which you create and share are protected under the law applicable to databases, and you therefore hereby expressly agree to authorize Pearltrees or any user to extract and/or re-use any substantial part of your maps.

Ces CGU sont donc relativement ouvertes et souples, si on les compare à d’autres services de ce genre, mais elles ont pu susciter des critiques de la part de ceux qui estiment qu’il serait plus cohérent que Pearltrees soit placé sous licence libre (voir ci-dessous chez pandark).

En me relisant, je vois que mon principal reproche fait à Pearltrees est qu’il n’est pas libre. J’ai vraiment l’impression qu’un projet qui veut redonner le pouvoir aux utilisateurs doit avoir une/des licences libres. Cependant, si Pearltrees s’ouvrait dans un autre esprit plus « informatique dans les nuages », ça serait déjà un progrès énorme.

Il me semble moi aussi que le minimum serait de permettre aux utilisateurs de placer leur profil sous une licence libre, comme les Creative Commons, de la même façon qu’on peut le faire sur Flickr ou même sur Facebook.

C'est fou quand même tout ce que l'on arrive à dénicher sur Flickr sous licence Creative Commons : ici des arbres dans une perle qui tombent à point nommé ! Dommage qu'on ne puisse pas en faire autant dans Pearltrees... (Trees: Trees 5 Pearl Beach NSW Lamber. Par Peter Gawthrop. CC-BY-NC. Source : Flickr)

Avant de vous inviter à aller tester de votre côté Pearltrees, je voudrais ajouter une dernière remarque à propos de l’architecture juridique de ce service. Au fond Pearltrees n’est qu’une nouvelle façon d’exploiter les liens hypertexte qui constituent la trame même du web. Un tel service ne pourrait tout simplement pas exister sans un droit numérique essentiel : la liberté de lier. Or on a pu remarquer ces derniers temps que cette liberté était encore fragile, puisqu’un nombre important de sites (et non des moindres) entendent soumettre à autorisation préalable le fait d’établir des liens hypertexte dans leur direction. Un service comme Pearltrees ne peut fonctionner légalement si l’on pose de telles restrictions et il implique même que soit reconnue une liberté de lier profondément, au coeur même de l’arborescence des sites.

Attention donc à bien relire vos conditions d’utilisation, car au-delà de Pearltrees, il me semble que cette idée d’éditorialisation personnalisée du web est promise à un bel avenir et qu’elle ouvre des perspectives intéressantes en terme de « mise en scène » de l’information.

PS : si vous repérez d’autres perles de droit qui m’auraient échappé ou si vous vous lancez vous-même dans la création de Juriperles, n’hésitez pas à me le signaler !




16 réflexions sur “Saviez-vous qu’il existe des perles de S.I.Lex ? (Pearltrees et le droit)

  1. Merci pour ce billet très beau et très fouillé… Il me permet de réfléchir moi-même sur la nature de pearltrees. Un point qui m’intéresse au premier chef et que tu commence à aborder ici est la nature juridique des contenus produits dans pearltrees.

    Comme tu le notes justement, les conditions d’utilisation de pearltrees sont résolument plus ouvertes que celles des services comparables. Nous croyons au Web et l’ouverture est l’une de ses composantes essentielles. Nous avons donc réflechi à la license cc ainsi qu’aux autres moyens de faire de pearltrees un modèle sur le sujet. Cette réflexion est passionnante mais longue et complexe, et c’est cette complexité qui nous a pour l’instant retenu sur des voies telles qu’une cc « pure ».

    Il est certain que notre réflexion ne peut en rester là, mais nos efforts sont pour l’instant contraints : une équipe d’une dizaine de personnes pour un sujet véritablement immense…

    … comment aller plus loin?

    Et bien j’aurais peut-être une idée: si la communauté des utilisateurs de pearltrees, et en particulier les juristes en son sain, s’intéresse véritablement aux sujets, pourquoi ne réfléchirait-elles pas à la question de la propriété des pearltrees?

    Il s’agirait de trouver une formule en accord avec la vision et l’esprit du projet, mieux, une formule qui lui donne son plein développement, mais une formule qui, évitant l’angélisme, prennent en compte toutes les dimensions de la question, en particulier le nécessaire développement économique de pearltrees, le paiement de ses salariés et la rémunarétion de ses investisseurs.

    Une formule en un mot qui contribue pleinement à notre projet : permettre aux internautes d’organiser ce Web qu’ils ont créés.

    1. Bonjour Patrice,

      Et avant tout, merci pour le travail accompli pour lancer pearltrees !

      La question de la nature juridique des contenus produits dans pearltrees est en effet loin d’être simple à trancher.

      On est au croisement de plusieurs régimes applicables : le droit des bases de données comme vous l’avez choisi, les oeuvres dérivées (remix ?), la compilation, avec au milieu des éléments qui peuvent être des oeuvres de l’esprit originelles comme les commentaires dans les discussions.

      Il y a aussi une forme de superposition de droits à trois niveaux : les droits de pearltrees, les droits des utilisateurs, mais aussi les droits des créateurs originels des pages qui sont « perlées ». Cette dernière dimension peut être à la base de complications, car si par exemple une licence Creative Commons était applicable à un compte, il faudrait bien prendre garde à ce qu’elle n’englobe pas (ou ne donne pas l’impression d’englober) cette couche sous-jacente de contenus.

      L’autre point complexe à gérer d’un point de vue juridique, c’est le caractère « démembrable » et « projetable » des perles et des arbres, notamment par le biais de la fonction d’embed ou des liens avec Twitter ou Facebook. C’est un phénomène que l’on rencontre de plus en plus souvent dans le web des médias sociaux. Un contenu produit à un endroit « migre » de plateformes en services et passe de régime juridique en régime juridique, sans que l’on sache toujours bien au final quelles sont les règles applicables. La vie d’un tweet est de ce point de vue absolument fascinante !

      J’ai bien conscience de la nécessité d’arriver à une conciliation entre l’ouverture juridique et la mise en place d’un modèle économique. Et en la matière le pragmatisme vaut mieux effectivement que l’angélisme (voire l’évangélisme ;-)

      Cela dit, il existe beaucoup d’exemples de services web qui construisent un modèle économique grâce aux licences libres (ou à un bon dosage de libre dans leur modèle). Cela vaut la peine d’essayer d’y réfléchir.

      De toute façon, le libre trouve toujours sa voie, comme le montre la pratique de Romain dans son commentaire.

      En tout cas, c’est une question qui m’intéresse aussi bien d’un point de vue théorique que pratique. Et ta suggestion de faire appel aux utilisateurs eux-même pour réfléchir à la question constitue une piste à creuser.

      Alors s’il y a d’autres candidats partants, pourquoi pas ?

  2. Je vais relire tout ça avec plus de sérieux mais sur la question de la paternité des cartes, j’ai perlé la page CC BY-NC-SA à la base de compte.

    J’avais commencé à ajouter cette perle à chacune de mes cartes mais ça devenait ingérable.

    J’ai aussi mentionné la licence dans mon « à propos ».

    1. @romain

      Bonjour,

      Votre pratique me fait penser que le libre peut toujours trouver sa voie !

      Je me demande comment la revendication de cette licence Creative Commons peut s’articuler avec les CGU de pearltrees.

      Mais cet usage a le mérite de poser la question.

      J’avais repéré votre compte notamment la perle sur Twitter « plus ou moins philosophico-de fond » qui comporte une branche juridique rendant compte des débats de cet été sur la nature juridique des tweets.

      Vos arbres sont assez impressionnants et j’invite tout le monde à les visiter !

  3. Merci pour cet article passionnant (et merci d’avoir cité mes perles sur le droit :p)

    Sans revenir sur la qualification juridique des pearltree (L’article sur : http://decryptages.wordpress.com/2009/12/13/petite-contribution-a-la-qualification-juridique-des-pearltrees/ est très clair), il me semble que l’utilisation de pearltrees pourrait être extrêmement utile dans le monde du droit, notamment au sein des cabinets d’avocats (où je travaille).

    Je prend ainsi l’exemple des textes de doctrine ou des différentes jurisprudences qui pourrait être alors classés, hiérarchisés et organisés de manière bien plus intéressantes pour retrouver ces informations, plutôt que de repasser par les sites spécialisées (lexisnexis, lamyline, doctrinal…).

    Cela nécessiterait cependant que tous le cabinet ait les codes d’accès pour les liens, fasse ce travail de manière systématique, et surtout que ces comptes corporate soit « privées ». Je vois mal en effet les cabinets mettre leurs travaux à disposition de tous^^.

    Mais si un tel travail était fait, cela aurait un réel intérêt. En effet, le partage des connaissances et des informations est primordial dans les cabinets, et pearltrees pourrait permettre de retrouver bien plus facilement les différentes sources ayant permis l’élaboration des travaux (par exemple, d’opinions juridiques ou de memorandum en matière de regulatory).

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