100ème billet dans S.I.Lex !

Nous y voilà ! Un peu plus de 10 mois après la création de ce blog, je me rends compte que j’atteins le 100ème billet publié.

(One hundred. par Violentz. CC-BY-NC-SA. Source : Flickr)

C’est l’occasion pour moi de remercier tous ceux qui ont bien voulu me lire et partager leurs réflexions dans les commentaires (on ne dira jamais assez l’importance des commentaires pour la vie d’un blog). Tous ceux également qui m’ont cité, signalé et contribué à faire connaître S.I.Lex. Tous ceux qui m’ont répondu sur leurs propres blogs et avec qui s’est noué un dialogue.

Paradoxalement, ce blog est né d’un livre papier, publié en 2008. A cette époque, j’étais très heureux d’avoir connu cette première expérience éditoriale, mais l’exercice m’avait laissé un vague sentiment de frustration, dans la mesure où j’avais l’impression qu’il devenait quasiment impossible d’écrire sur le droit – matière mouvante par excellence – dans les limites d’un livre papier.

Et c’est d’autant plus vrai quand on s’intéresse aux rapports entre le droit et le numérique… il y avait une sorte de hiatus entre le fond et la forme qui m’a poussé à rechercher un autre mode d’écriture.

J’écrivais bien quelques articles ici ou là, mais j’avais besoin d’une forme beaucoup plus fluide pour épouser les évolutions et rebondir sur l’actualité, sans renoncer à comprendre et à creuser. J’aspirais aussi à quelque chose de plus personnel et de plus libre. L’outil miracle pour cela – et encore pour longtemps à mon avis, c’est le blog.

Mon véritable « acte de naissance numérique », je crois que c’est le moment où j’ai trouvé mon pseudo (Calimaq), gribouillé sur un bout de papier lors d’un cours écouté d’une oreille distraite. Il m’aura ensuite fallu plus d’un an pour me décider à me lancer, en raison d’une sorte de « timidité numérique » particulièrement difficile à vaincre.

Le tout premier billet, c’était un coup de gueule lors des débats sur la loi Hadopi, à un moment où je n’ai plus supporté de me taire.

Je ne savais pas dans quoi je m’aventurais !

100 billets plus tard, je me rends compte à quel point cette écriture m’a transformé et m’a aidé à évoluer dans ma réflexion. Ce blog, c’est un peu ma « maison numérique » : là d’où je pars et où je reviens toujours, même si depuis j’ai compris tout le plaisir et l’intérêt que l’on peut retirer des flux et des réseaux.

L’autre dimension fondamentale qu’apporte un blog par rapport à un livre, c’est l’aspect collectif de l’écriture et de la réflexion. 10 mois après la création de S.I.Lex, je comprends infiniment mieux ce qu’est l’intelligence collective et ce qu’elle peut nous apporter. Comme je le dis souvent, je veux rendre à l’intelligence collective tout ce qu’elle me donne. C’est un des moteurs qui me poussent à chercher, fouiller, signaler, partager, recommander, tagger autant que je le peux et surtout ne rien garder !

A la base, je voulais m’inscrire par ce blog dans la Blogosphère ou l’Infosphère. C’est en lisant Bibliobsession, Vagabondages ou Affordance (bien plus que Maître Eolas au fond !) que j’ai eu envie de me lancer dans un blog et de voir ce que cette forme pourrait donner pour le droit. Mon projet d’écriture, c’était de me situer « Au croisement des sciences de l’information et du droit » et de voir quel regard un bibliothécaire pouvait porter et apporter sur les questions juridiques.

Au fil des billets, je ne suis plus certain que S.I.Lex soit encore vraiment un biblioblog (ou seulement cela). Les sujets abordés sont devenus plus généraux et le public qui vient lire les billets dépasse le monde des bibliothèques (c’est d’ailleurs une chose qui me surprend beaucoup). Pour autant, je reste bibliothécaire bien plus que juriste et il me semble que le rapport particulier que j’ai à l’information exerce une grande influence sur ma façon d’appréhender le droit. J’ai la conviction que les bibliothécaires ont beaucoup à apporter au débat sur les questions juridiques et c’est aussi une chose que j’essaie de faire par le biais des associations à l’action desquelles j’ai le très grand honneur de participer.

Ecrire dans un blog est une incroyable aventure, beaucoup plus humaine que technique au fond. C’est une opportunité infiniment précieuse de forger, confronter, partager sa réflexion avec d’autres et il n’y a rien de plus plaisant que de rencontrer ensuite « pour de vrai » des personnes que l’on a appris à connaître en ligne. La boucle est alors bouclée et l’expérience humaine complète. Internet nous permet de tisser des liens de « sociabilité numérique » qui ne ressemblent à rien de ce qu’on peut connaître dans la vie « réelle », mais qui peuvent être très étroits et profonds. La séparation que l’on se plaît trop souvent à tracer entre le « réel » et le « virtuel » me paraît profondément illusoire.

Il n’en reste pas moins que c’est un exercice difficile et exigeant – je dirais presque déstabilisant par moment. Le rythme du blog ressemble parfois à une discipline sportive bizarre qui combinerait le sprint et le marathon ! Mais le plus difficile à maîtriser, c’est certainement le développement d’une nouvelle « identité numérique » à la frontière entre le privé et le public, le professionnel et le personnel, qui est autre tout en étant soi et qui nous confronte à une véritable épreuve de vérité.

On peut s’y perdre ou s’y trouver.

Pour ma part, j’ai l’impression d’y avoir trouvé quelque chose d’important que je n’abandonnerai pas de sitôt.

Merci encore à tous ceux qui ont bien voulu me lire. Merci aussi à tous ceux qui m’ont prodigué leurs conseils et encouragements. Merci à ceux qui m’ont soutenu (et supporté) dans les moments difficiles, ainsi qu’à ceux qui ont relu mes billets et corrigé les coquilles (innombrables !).

Merci à ceux qui ont partagé mes idées et encore plus à ceux qui n’étaient pas d’accord et qui sont venus en débattre ici.

Remerciement spécial à Rezo.net et à l’équipe d’OWNI qui ont beaucoup fait pour l’émergence de ce blog.

Je vous donne rendez-vous dans quelques mois pour le 200ème billet dans S.I.Lex.

Je souhaite que d’ici-là le droit soit plus juste ; les libertés numériques plus vivantes ; que l’accès à l’information, à la connaissance et à la culture soit plus ouvert et que le débat public nous aide à mieux comprendre les grands enjeux de demain.

Pour autant qu’il me sera possible de le faire, j’y contribuerai !

Pour terminer, j’ai sélectionné ci-dessous 6 billets qui ont marqué des jalons dans l’évolution de S.I.Lex et qui me permettent de faire un petit retour en arrière.

Premier billet dans S.I.lex donc écrit après un gros coup de colère contre l’idée absurde et révoltante de limiter les accès wifi dans les espaces publics à une liste restreinte de sites « propres ». Le projet a été abandonné au fil des débats de la loi Hadopi, mais nul doute que des choses pires encore reviendront avec la loi Loppsi qui se profile à l’horizon. Des coups de colère en perspective !

Un billet bizarre écrit une nuit sans sommeil et mon premier « pétage de plombs » contre l’absurdité du système ! Il me semble aussi que c’est le premier billet où j’ai écrit « je ». La date de la journée du droit d’auteur a été choisie pour coïncider avec l’anniversaire de la mort de Shakespeare et Cervantès. Or ce sont certainement les deux écrivains les moins appropriés pour illustrer l’idée de droit d’auteur. J’essaie de montrer pourquoi… et je dérive beaucoup !

Twitter a joué un rôle important pour moi. C’est l’outil qui m’a fait comprendre l’importance des réseaux sociaux et il m’a permis de mieux appréhender la façon dont les problèmes juridiques se posent dans l’environnement 2.0. Un excellent objet de méditation juridique !

L’histoire de la toute première affaire de plagiat et le billet le plus lu de S.I.lex… je n’aurais jamais pensé cela en l’écrivant ! C’est un peu ce billet qui m’a convaincu que l’on pouvait écrire des textes longs sur un blog. Il est suivi d’une quarantaine de commentaires qui m’ont beaucoup apporté et qui m’ont même conduit à réécrire complètement certaines parties du billet. Je pense avoir passé au moins cinq fois plus de temps à répondre aux commentaires qu’à écrire le billet lui-même, mais c’est un des grands plaisirs du blog que ces échanges !

Ce billet n’a pas été très lu au contraire et c’est pourtant à mon avis l’un de ceux qui expriment le plus nettement ce que j’espère pour l’évolution du droit d’auteur à l’heure d’internet.

J’ai beaucoup écrit sur l’affaire Google Book, à la fois dans son versant américain et français. Ce billet-là a une importance particulière, parce que je l’ai écrit en revenant de l’audience du procès Google/La Martinière, après avoir vécu un très grand moment.


10 réflexions sur “100ème billet dans S.I.Lex !

  1. Déjà 100 billets ? \o/

    Merci Calimaq pour ce très beau blog, toujours passionnant à lire et sur lequel je reviens très périodiquement, lire le dernier billet ou relire des billets précédents.

    Je vois plusieurs qualités à ce blog, qui font qu’il est devenu pour moi une référence, un endroit où je sais que je vais revenir :

    – d’une part il est très bien écrit. C’est loin, très loin d’être accessoire. Quantité de personnes ont plein de choses à dire, parfois des choses très intéressantes, mais c’est lourd, mal écrit, plein de fautes (y compris typographiques) et cela devient vite pénible.

    – c’est un blog écrit avec infiniment de compétence. J’aime que vous vous concentriez sur des domaines que vous maîtrisez, afin d’en tirer des analyses justes et argumentées, qui font toujours progresser les choses. Souvent, j’ai l’impression de ressortir plus intelligente, plus au fait de la juste teneur des problèmes, après vous avoir lu.

    – Les commentaires de ce blog sont une part importante de sa qualité. Par la qualité des intervenants (pas la mienne, je commente peu et sans doute pas toujours pertinemment) et par la qualité de vos réponses, le débat continue, s’enrichit, et débouche d’ailleurs parfois sur des réflexions tout à fait complémentaires et élargies par rapport au sujet initial.

    – L’éventail de ce que peut donner une confrontation des bibliothèques et du droit est tellement vaste et riche que votre source d’inspiration ne peut qu’être vaste et riche, elle aussi. Et vous prenez le temps d’écrire de longs billets, complets, fouillés, argumentés. Sans doute beaucoup de travail derrière, mais cela permet d’avoir du grain à moudre en abondance. Comme en plus vous semblez faire preuve d’une très grande ouverture d’esprit, on est sûr de ne pas s’ennuyer…

    – ce blog ne tourne pas qu’avec vos (excellents) billets. J’y ajoute les éclats de S.I.Lex, les twits, qui élargissent encore la réflexion, confrontent des vues parfois divergentes, permettent d’aller plus loin.

    Bref, j’avais envie de vous jeter des fleurs, et ce billet-bilan me paraît être l’occasion idéale de le faire sans être trop hors-sujet ;-)

    Longue vie à S.I.Lex, donc. Longue vie à Calimaq aussi, et surtout, surtout n’arrêtez pas !

  2. Bravo pour ton remarquable blog, et ravi d’avoir fait partie avec d’autres de tes inspirateurs ! Continue, on a besoin de toi, tes billets sont de ceux qui démontrent avec éclat que la presse professionnelle est de bien moins bonne qualité que ce que font les professionnels engagés !

  3. Bonjour

    Je rajoute ma voix aux mercis pluriels ! pour te dire ma satisfaction à connaître ton blog.

    Avec toutes les pistes offertes, cette veille sur l’actualité juridique rapportée au monde de la « culture » internet et ton décorticage des lois, plus tout le temps que tu (nous) donnes, je ne peux dire qu’une chose :

    Tu es une mine de réflexions.

    Chapeau ! pour ton centième. ;-)

    Bien cordialement
    B. Majour

  4. Ce serait plutôt à nous de te remercier, en particulier pour la qualité de tes posts et leur caractère fouillé (et absolument pas fouilli). On n’attendra pas le 200e pour le prochain RDV : le 101e billet devrait nous suffire… !

  5. Merci énormément pour ces billets et le travail aussi dense qu’indispensable que tu abats dans ce domaine si spécialisé qu’est l’information juridique. C’est avec un plaisir immense que nous avons vu l’ouverture de S.I.Lex et avec un intérêt sans cesse renouvelé que nous avons suivi son évolution. La veille, et avec elle les outils proposés sont autant de réussites venus enrichir un domaine encore mal connus des spécialistes de l’information -et d’autres- que nous sommes.

    Très longue continuation et au plaisir de te lire prochainement.

  6. Je ne poste pas souvent de commentaire mais j’aime bien se blog qui nous fait découvrir les cotés que l’ont aurais pas forcement vue dans certain cas. Merci pour ton blog.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.